vendredi 19 février 2016

Entre les falaises et la Manche, un week end près d'Etretat



L'Arche de la Porte d'Aval et l'Aiguille










Le 20 mars 2015, jour d'une éclipse de soleil visible en France. J'ai acheté un filtre solaire pour tenter de photographier la rencontre astrale et des lunettes spéciales pour toute la famille afin que nous puissions profiter ensemble de cet événement en toute sécurité. Les nuages en ont malheureusement décidé autrement.


On se console rapidement, on se réchauffe et nous prenons la voiture pour aller en Normandie où un gite proche de la côte d'Albâtre,  situé entre Étretat et Fécamp nous attendait pour la nuit.









Xavie contemplative










Arrivés en milieu d'après midi, nous avons eu le temps d'installer nos affaires dans le logement et d'aller près de la mer par une valleuse située à moins d'un kilomètre de là avant que le jour ne disparaisse complètement et surtout que la mer ne monte trop haut.
Une valleuse est une dépression du terrain permettant l'accès à la mer. Ce terme est spécifique au Pays de Caux. Sur le reste de la côte, cet accès est empêché par la hauteur des falaises crayeuses.













De gauche à droite : Marcel, Joseph et Xavie


Après manger, nous sommes allés brièvement voir Étretat de nuit avant de nous blottir au chaud dans la yourte qui nous abrita.


L'Arche de la Porte d'Aval et l'Aiguille d'Etretat éclairées de nuit

Falaise près de Vattetot-sur-Mer






 



Le lendemain matin à l'aube, après avoir réalimenté le poêle à bois afin que ma famille n'ai pas froid en se réveillant, je constate qu'ils dorment encore tous et que j'ai encore deux bonnes heures avant que l'on nous apporte le petit déjeuner. J'enfile mes bottes, je prends mon trépied et mon appareil photo et pars faire quelques photos avant que la marée ne remonte trop.

Je profite donc d'une lumière matinale dans une ambiance brumeuse très agréable.













Falaise près de Vattetot-sur-Mer


La marée d’équinoxe est en effet impressionnante, je ne peux pas me permettre de m'attarder si je ne veux pas rester coincé.


Petits ou gros, les galets sont omniprésents aux pieds des falaises de la côte d'Albâtre


De gauche à droite : Joëlle Rollin, Magali Roy, Thierry Nouaille, moi avec Joseph













Je retourne donc à la Yourte prendre le repas matinale avec mes mini-aventuriers et mon épouse, puis les emmène à Étretat où nous rejoignons Thierry Nouaille, Magali Roy et Joelle Rollin, des amis photographes de "l'Atelier Pause Photo".

Chapelle Notre Dame de la Garde dominant Étretat, la mer, L'Arche de la Porte d'Aval et l'Aiguille














Le ciel a tendance à se dégager tout en restant variable, ce qui n'est pas désagréable pour les photos.





















La Porte d'Aval est l'Arche naturelle que l'on peut observer depuis la ville d'Étretat. Elle est composée d'une arche naturelle formée par une rivière côtière parallèle à la plage qui a creusé son lit dans la falaise avant le recul de celle-ci. Ensuite, la mer a élargi les arches, donnant au site l'aspect qu'on lui connait aujourd'hui. L'aiguille voisine d'un calcaire plus dur, qui a empêché sa dissolution définitive, mesure entre 55 et 70 mètres selon les sources.


Ma famille en haut des falaises, à coté de L'Arche de la Porte d'Aval et l'Aiguille

Nous sommes allés ensuite à Fécamp, histoire de vérifier si les vagues seraient effectivement spectaculaires pour les grandes marées. C'était très calme en fait.


Plage de galets de Fécamp avec ma tribu


Après avoir déjeuné à Fécamp, nous sommes retournés vers Étretat entre la Pointe du Fourquet et la Pointe de la Courtine en descendant par la Valleuse d'Antifer.


Pointe du Fourquet avec en arrière plan le Phare d'Antifer

La Manneporte est plus large que la porte d'Aval et est située derrière elle.


La Manneporte

Étretat et ses particularités géologiques inspirèrent de nombreux artistes aussi bien en littérature qu'en peinture (ou même en photographie) :
  • "L'aiguille Creuse", de Maurice Leblanc, un des romans de la série des Arsène Lupin dont l'intrigue se déroule à Étretat.
  • Guy  de Maupassant s’inspire d'Étretat avec sa nouvelle "Le Modèle" qui se passe là-bas. Il décrivit également le bas des falaises du site dans une lettre à Gustave Flaubert le 3 novembre 1877.
  • D'autres auteurs tels que Benoît Duteurtre, Olivier Adam et encore Georges Simenon avec "Maigret et la vieille dame".
  • Claude Monet peint plus de 80 tableaux autour d'Étretat. De nombreux autres peintres, tels qu'Henri Matisse, Johan Barthold Jongkind, Narcisse Diaz de la Pena, Eugène Delacroix, Gustave Courbet ou encore Jacques Lagrange et bien d'autres illustrent les célèbres Arche et Aiguille.

L'Arche de la Porte d'Aval et l'Aiguille

En fin d'après midi, après une journée bien remplie, nous reprenons la route en direction de la maison. Je vous laisse cependant apprécier d'autres photos réalisées sur place :


Joseph, pêcheur/rêveur face à la mer

Petit escalier menant de la Valleuse d'Antifer à une falaise.





La Manneporte, on aperçoit derrière la Porte d'Aval





















L'air marin vitalisant pour Joseph
Joseph pêche des cailloux entre la Pointe du Fourquet
et la Pointe de la Courtine

Pointe du Fourquet

Le Phare d'Antifer derrière une prairie sur le plateau en haut des falaises
 

 
Savoir prendre des risques pour réussir sa photo - Avec Thierry Nouaille

Falaise près de Vattetot-sur-Mer
 
Falaise près de Vattetot-sur-Mer
 
Marcel sur un escalier menant d'une valleuse à une falaise




Marcel en haut d'une falaise près de Vattetot-sur-Mer






















Pointe du Fourquet avec en arrière plan le Phare d'Antifer, au moment du départ, le ciel se charge.

lundi 15 février 2016

La Voie Lactée et autres galaxies

Voie Lactée, 16 mai 2015 dans l'Yonne. 20mm, F1.8, 25secondes, ISO 1600














Depuis quelques mois, avec mes comparses Frédéric David et Alexandre Vieira, nous errons durant les nuits de nouvelle lune au ciel dégagé. Forcement, cela n'arrive pas toutes les nuits, surtout au nord de la Loire, mais dès qu'une occasion se présente, nous y allons.
















 Nous partons donc en général dans l'Yonne ou la Beauce afin de s'éloigner des lumières citadines parasites et cherchons un paysage, un élément de décor à caler à côté de notre ciel. Dans le ciel, nous cherchons essentiellement la Voie Lactée. Je vous rappelle que la Voie Lactée est notre galaxie, la galaxie où se trouve notre système solaire. C'est une galaxie en spirale de plus de 100.000 années-lumière de diamètre et on estime selon un récent calcul qu'elle contiendrait 234 milliards d'étoiles. Cette galaxie se serait formée il y a 13.2 milliards d'années, soit presque l'âge de l'univers.


Ciel chargé sur la Chapelle St André, 16 aout 2015, 20mm, F1.8, 20 secondes, ISO 1250









Parfois, le ciel n'est pas complètement dégagé, mais cela n'empêche pas la photo d'être esthétique. Sur la photo ci-contre, on ne distingue pas la voie lactée, cela dit, en haut à droite, on peut clairement voir la galaxie d'Andromède, (répertoriée M31 dans le catalogue Messier). Au milieu de la photo vers la gauche, juste au dessus des nuages, on distingue également un flash Iridium (phénomène lumineux produit par la réflexion de la lumière du Soleil sur l'une des surfaces réfléchissantes, antennes ou parfois panneaux solaires, d'un des satellites Iridium.)










Chapelle de la Bonne Mort, 22 août 2015, 20mm, F1.8, 20 secondes, ISO 1600















Sur cette photo, je n'ai pas visé vers le centre de la Voie Lactée, mais plutôt vers l’extérieur de la galaxie. Elle est donc bien moins lumineuse et bien moins contrastée. Cela dit, sur cette photo, la galaxie d'Andromède semble être une apparition divine juste devant la statue de la vierge.














Lors d'une autre sortie, nous sommes allés dans la Beauce à la recherche de moulins. Au début de notre installation, la lune ne s'était pas encore couchée, mais étant en fin croissant et basse, sa luminosité était suffisamment faible pour nous permettre de profiter d'un beau ciel étoilé tout de même.


Don Quichotte au Moulin de Frouville-Pensier, 19 septembre 2015, 20mm, F3.5, 20 secondes, ISO 1600


On peut aussi faire des photos de ciel étoilé même si ce ciel n'est pas complétement attractif à cause de la pollution lumineuse. Pour la photo ci-dessous, j'ai réalisé 85 photos de 20 secondes que j'ai empilées à l'aide d'un logiciel adapté afin de mettre en valeur la rotation de la Terre en montrant ce filé d'étoiles, également appelé startrail.


"Tournicotti", Carré Sénart, 28 septembre 2015 en attendant l'éclipse, 20 mm, ISO 400, F5.6, 85x20 secondes

Comme vous l'avez constaté sur la photo précédente, quand on fait des photos de pose longue dans le ciel, ça bouge. Bien plus vite qu'on ne l'imagine en plus !
Afin de remédier à cela, avec Frédéric David, nous avons acheté une petite monture équatoriale nomade. C'est un outil motorisé qui tourne en suivant la rotation de la Terre. Nous n'avons pas acheté de quoi faire tourner une super lunette astronomique, mais nos boitiers photos avec nos téléobjectifs (qui pèsent moins de 2 kg). Le but de cet investissement, est  d'aller chercher des objets célestes peu lumineux que l'on ne peut photographier qu'avec des poses longues... très longues ! Il y a une manipulation fastidieuse à la prise de vue et j'ai envie de dire que ce n'est rien en comparaison du traitement des images qui se fait avec plusieurs logiciels. Cela dit, le résultat que l'on peut obtenir est très motivant.
La majeur partie des objets que nous observons est répertoriée dans le catalogue Messier. Référencés de M1 à M110, ils sont en général autant esthétiques que fascinants et vertigineux.


Par exemple, sur la photo suivante, on observe la grande nébuleuse d'Orion qui est assez facilement visible, même à l’œil nu et facilement repérable car elle se situe au cœur de la constellation d'Orion qui est une des plus simple à repérer (avec la Grande Ourse et Cassiopée). Elle est composée de deux nébuleuses :
  • la nébuleuse de Mairan  (M43) , la petite apostrophe rose juste à gauche de la grosse masse, située à 1.600 années-lumières 
  • la nébuleuse d'Orion (M42), grosse masse rose, située à 1.350 années-lumières de la Terre qui mesure 33 années-lumières. 
Un peu plus à gauche et diffus de la nébuleuse d'Orion, on distingue un autre objet : la nébuleuse de l'Homme qui Court, située à 1.500 années-lumière de nous, elle est en fait une nébuleuse triple (NGC 1973, NGC 1975 et NGC 1977).


Nébuleuses de Mairan, d'Orion et de l'Homme qui Court le 20 septembre 2015


Constellation d'Orion le 26 octobre 2015
Je profite de vous parler d'Orion pour vous en montrer la constellation. Cette photo a été faite presque à l'aube et la luminosité du jour arrivant très vite, je n'ai pas pu photographier aussi longtemps que je l'aurais souhaité et je n'ai pas pu avoir toutes les nébuleuses d'Orion. Car en effet, cette constellation est riche en nébuleuses.
Cela dit, on observe parfaitement au centre la ceinture d'Orion ou baudrier d'Orion composée des "Trois Rois" Alnitak, Alnilam et Mintaka qui sont des étoiles supergéantes bleues à l'alignement presque parfait.
En baissant le regard en partant de cette ceinture, la zone diffuse est la grande nébuleuse d'Orion présentée précédemment.
L'étoile très brillante en bas, à droite est Rigel, sixième étoile la plus brillante du ciel et la plus brillante de la constellation d'Orion. Elle se situerait à 863 années-lumière, elle est 70 fois plus grande que le soleil et 40.000 fois plus lumineuse.
Pour finir, l'étoile orange en haut à gauche de l'image est Bételgeuse, une supergéante rouge située à 500 années-lumière, elle est la neuvième étoile la plus brillante du ciel. C'est une des plus grandes étoiles connues, si elle était au centre du système solaire, son rayon s'étendrait entre l'orbite de Mars et celle de Jupiter voire au-delà.



Nous sommes ici toujours dans la constellation d'Orion, dont on peut voir Alnitak et Alnilam à gauche. Voici donc les différentes nébuleuses ici en partant de la gauche en bas, la nébuleuse de la flamme située entre 900 et 1.500 années-lumière.
Puis juste à droite, le rose diffus contient une tâche plus sombre appelée nébuleuse de la tête de cheval, située à 1.600 années-lumière. Cette nébuleuse sombre est imbriquée dans une nébuleuse rose qui est IC 434.
Sur la partie en haut à droite de la photo, en commençant par la gauche, nous retrouvons la  nébuleuse de l'homme qui court et la grande nébuleuse d'Orion, décrites précédemment.



Plusieurs nébuleuses de la constellation d'Orion prise le 5 décembre 2015

 Quittons un peu la constellation d'Orion pour la photo suivante. Nous nous plaçons autour de Mirach, l'étoile brillante et jaune du centre. Elle fait partie de la constellation d'Andromède, il s'agit en fait d'une étoile double dont une des deux est une géante rouge 6 fois plus massive que le soleil et située à 200 années-lumière. 
En haut à gauche, la galaxie d'Andromède (M31), située à 2,55 millions d'années-lumière et riche de 400 milliard d'étoiles pour un diamètre approximatif de 140.000 années-lumière. On la trouve dans la constellation d'Andromède.
En bas à droite, la galaxie du Triangle (M33), lointaine de 2,7 millions d'années-lumière et composée de 40 milliards d'étoiles avec un diamètre d'environ 110.000 années-lumière. Elle s'observe dans la constellation du triangle d'où son nom (car non, elle n'a pas la forme d'un triangle)
Plus de 2000 autres étoiles se trouvent sur le reste de la photo. 



Le choc des titans, les galaxies d'Andromède et du Triangle le 1er novembre 2015

Voici maintenant en détail les galaxies d'Andromède et du Triangle.  On peut voir que la galaxie d'Andromède possède 2 petites galaxies autour d'elle : M32, la petite tâche blanche diffuse qui touche la galaxie d'Andromède à droite, elle ne mesure que 6.500 années-lumière de long. L'autre galaxie un peu plus longue en haut d'Andromède est M110.


Galaxie d'Andromède le 10 octobre 2015

Galaxie du triangle le 2 novembre 2015

Détails de la voie lactée le 10 septembre 2015


Sur la photo ci-contre, j'ai capté un morceau du centre de la Voie Lactée qui est une zone riche en objets de Messiers. Il y a pas mal d'amas d'étoiles tels que M18, M21, M22, M23, M24, M25, M26 et M28. On trouve aussi des nébuleuses célèbre :
  • La nébuleuse du Lagon (M8) située à 5.000 années-lumière et longue de 110 années-lumière.
  • La nébuleuse Trifide (M20) qui serait située à 5200 années-lumière, mais cette information fait polémique et nous n'avons pas d'information précise à ce sujet.
  •  La nébuleuse Oméga (M17) longue de 15 années-lumière et distante de 5500 années-lumière par rapport à nous.
  • La nébuleuse de l'aigle (M16) qui est en fait un amas ouvert recouvert d'une nébuleuse. Cet objet de messier se situerait entre 5.500 et 7.000 années-lumière.




La fin 2015 et le début 2016 ont été marqués par le passage à proximité de la Terre de Catalina (C/2013 US10), une comète passant à proximité de nous, environ 110 millions de kilomètres. C'est bien la tâche diffuse verte, le côté baveux vers le bas de la comète est la queue de poussière que la comète laisse derrière elle tandis que le trait moins visible, mais plus rectiligne qui va vers la droite est la queue ionique située en opposition au soleil. A l'heure où j’écris cet article, la comète s'est déjà bien éloignée et n'est plus trop visible avec le matériel dont je dispose.
L'étoile très brillante à droite de la comète est Alkaïd, c'est l'étoile du bout du manche de la casserole que représente la Grande Ourse, située à 101 années-lumière. Elle est deux fois plus grosse que le soleil mais des centaines de fois plus brillante.
En bas à droite de la photo, on voit nettement la Galaxie du Tourbillon (M51) que j'ai zoomée afin d'en observer un peu plus les détails. Elle se situe à 27,4 millions d'années-lumière et mesure 100.000 années-lumière de long.
J'ai également entouré sur la photo 3 galaxies lointaines.


Catalina (C/2013 US10) juste à coté d'Alkaïd et proche de la galaxie du Tourbillon le 15 janvier 2016

Tant que nous sommes proches de la Grande Ourse, je vous présente la Galaxie du Moulinet (M101), une galaxie spirale éloignée de 22.8 millions d'années. Cette galaxie est environ 70% plus étendue que la Voie Lactée (170.000 années-lumière) et à une masse dix fois supérieure. La netteté est loin d'être parfaite, mais si vous regardez attentivement, vous verrez plusieurs galaxies lointaines, tout comme sur la photo précédente.


Galaxie du Moulinet le 16 février 2016

Toujours autour de la Grande Ourse, mais vers la casserole, nous pouvons observer un groupe de galaxies dont les deux les plus spectaculaires sont M81 à gauche, une galaxie spirale de 60.000 années-lumière dont sa distance serait de 11.8 millions d'années-lumière et M82 appelée aussi la Galaxie du Cigare. Cette dernière se trouverait à 14.7 millions d'années-lumière. M81 et M82 auraient subit un rapprochement très serré il y a quelques centaines de millions d'années.


Les galaxies M81 et M82




Voici maintenant quelques autres photos de notre chère voie lactée faites au hasard de nos sorties nocturnes :










Deux dernières photos de filé d'étoile :






Enfin, je vous partage, cette vidéo que j'ai faite en time-lapse, mettant en valeur la rotation de notre planète :






L'univers est littéralement vertigineux.
N'oublions pas que nous ne sommes qu'une infime poussière d'étoile au milieu de milliards de milliards d'étoiles...

vendredi 12 février 2016

40 ans de Bettina Rheims à la Maison Européenne de la Photographie

Autoportrait dans un échantillon issu d'une photographie de la série "I.N.R.I."











Depuis le 28 janvier et jusqu'au 27 mars 2016, La MEP (Maison Européenne de la Photographie) propose une exposition des œuvres de Bettina Rheims retraçant 40 ans de photographie.






















Échantillons d’œuvres photographiques de Bettina Rheims


Échantillon issu d'une œuvre de Bettina Rheims











Fondée en 1996, la MEP, sous la direction de Jean-Luc Monterosso et la présidence d’Henry Chapier est la suite logique de l'association « Paris Audiovisuel » datant elle de 1978 et qui était devenue énorme. Alors que la MEP n'existait pas encore, Bettina Rheims avait déjà exposé sa série "Modern Lovers" avec l'association « Paris Audiovisuel ». En 2000 elle installa avec Serge Bramly, son ex-mari, à la MEP la série "I.N.R.I." qui interpella grandement le public.













Laé, une amie m'ayant accompagné à l'exposition, se reflétant dans un échantillon photographique.















Débutant sa carrière dans les années 70, Bettina Rheims ne cesse depuis de bouleverser l'iconographie traditionnelle en travaillant sur ses deux obsessions : la beauté et l'imperfection.
















  Échantillon d’œuvre photographique

Œuvres sur le thème du genre telles que "Modern Lovers" ou encore "Gender Studies"









Bettina Rheims s’intéresse tout au long de sa carrière à l'identité et particulièrement au genre. Elle va s'y confronter à plusieurs reprises depuis la fin des années 1980 avec "Modern Lovers" et le trouble de l'apparence lié à l'androgynie jusqu'à récemment en 2011 avec "Gender Studies" où elle réalise un travail audio-visuel avec Fréderic Sanchez sur ces personnes appartenant à un genre "autre".  Entre ces périodes, par le biais de Kim Harlow, l'artiste rencontra de nombreuses personnes transsexuelles et réalisa les séries "Kim" et "Les Espionnes".












"Il y avait un moment, un seul, où ils devenaient homme et femme à la fois. J'avais juste le temps d'appuyer sur le bouton avant que cette impression ne disparaisse. (...) Les choses se passaient en une fraction de seconde. Et quand je fixais les modèles dans cette lumière plate, j'avais le sentiment d'épingler des papillons sur du liège."

Bettina Rheims, dans "Modern Lovers", 1990


"Malgré tout je me sentais (...) prête à me donner totalement, pour ce sujet il me fallait oublier ma trop grande féminité et réveiller ce garçon qui est malgré tout un petit peu en moi, j'essayais d'utiliser mes yeux et mes muscles, je voulais tellement donner à Bettina ce qu'elle recherchait et pendant deux jours je n'ai fait qu'exacerber ce contre quoi j'avais lutté pendant des années."

Kim Harlow, dans "Kim", 1994


Laé s'inspirant des travaux sur le genre


Autoportraits dans des photos parmi les premières de Bettina Rheims





Dès la fin des années 1970, l'artiste créé dans le nu, des postures décalées, de l'abandon, de la torsion. De cette série publiée puis exposée découlera les commandes de portraits puis rapidement de photos de mode.



"Pour Bettina Rheims la photographie s'est construite d'abord en noir et blanc, sur une approche intime de l'autre, en choisissant des artistes foraines, des acrobates, (...), afin de toucher par le biais de performance ce qui normalement ne se montre pas. Et déjà apparaissait cette particularité qui allait devenir sa marque ; recréer, réinventer - en studio, ailleurs - l'espace d'une rencontre."

Serge Bramly, 2004








Autoportrait dans un échantillon d'une œuvre de la série "Animal"


Au début des années 80, lassée par l'indifférence de ses modèles, Bettina Rheims se lance dans des portraits d'animaux empaillées, redonnant une étincelle de vie dans l'ultime regard de ce bestiaire immobile. De plus, elle interpelle sur le pouvoir de la photographie sur la mort : donner à voir quelque chose qui n'est plus. En tant que Glenn Ulrici, jeune photographe en 2016, je me retrouve très bien dans cette démarche et comprends parfaitement ce cheminement.


"Un instantané ; cette fraction de seconde pendant laquelle s'ouvre le diaphragme symbolise à merveille la longueur de notre existence au sein de l'éternité. (...) Tout cliché, aussi joyeux soit-il, constitue un memento mori."

Serge Bramly, 1994







Avec "Chambre Close", Bettina Rheims réalise sa première fiction photographique à partir d'un texte que Serge Bramly lui fait lire : l'histoire de Monsieur X, amateur distingué, accessoirement voyeur. La photographe propose donc le point de vue subjectif de ce personnage.
C'est à la suite de cette série très colorée au décor travaillé que Madonna demande à l'artiste de réaliser une série de photos dans le style de cette série.


Échantillon d'une photo de Madonna par Bettina Rheims


Autoportrait au crane du christ, échantillon de l’œuvre.




En 1997, Bettina Rheims et Serge Bramly réalisent des fresques réinterprétant les évangiles à notre époque. Cette série, "I.N.R.I.", permet à ces artistes "d'introduire la narration dans la photographie ; d'essayer surtout d'approcher la mécanique mystérieuse par quoi l'image devient icône" (Serge Bramly, 2004).

Cette série fut très controversée en France. En effet, les chrétiens intégristes et l'extrême droite  trainent les artistes en justice avant d'être déboutés alors qu'en Italie et en Allemagne, les œuvres sont exposées dans des églises.

Personnellement, j'ai découvert ces œuvres au début des années 2000 alors que je commençais seulement à faire des photos. J'ai été frappé, stupéfait et émerveillé par cette série qui continue encore de m’inspirer.






"A l'origine de notre projet, il y a le souvenir, ou le pressentiment, de telles images : des icônes modernes. (...) Recomposer de telles scènes, visions ou "apparitions", voici le but que nous nous sommes fixé."

Serge Bramly, dans I.N.R.I., 1998


Laé, devant trois œuvres de la série "héroïnes"


"Héroïnes" est une série réalisée avec le créateur Jean Colonna en 2005. Posées sur un socle telles des sculptures, tenues froissées, mal enfilées, représentantes de la beauté moderne, les femmes dans ce thème, expriment à travers un regard nostalgique un sentiment d'abandon et/ou de désillusion.



Échantillons des œuvres de la série "Morceaux choisis"


Début 2001, Bettina Rheims installe en studio quatre jeunes femmes nues baignées d'un décor minimaliste et d'éclairage nacré. Du blanc, du rouge, quelques chaussures de créateurs et une seule consigne pour ces femmes : faire l'amour "pour de vrai". Durant un jour et une nuit, la photographe immortalise certains moments, certains détails, sans autre consigne. Une réflexion parmi les plus critiques sur la pornographie.



La série "Détenues" face à es portraits de pop-stars des années 2000


Automne 2014, Bettina Rheims arpente quatre établissements pénitentiaires et y photographie plus d'une soixantaine de détenues.
L'artiste s'est demandé comment se perçoivent ces femmes elles-même alors qu'elles ne sont plus regardées. Serait-il possible de leur rendre leur féminité en les photographiant ?
Une partie de ce travail est exposé pour la première lors de cette exposition en plaçant ces portraits face à des photos de pop-star des années 2000 ultra- regardées et au style percutant.


Laé : Hello ! Mr président.


Bettina Rheims fut sollicité par M. Jacques Chirac en 1995, entre les deux tours des élections présidentielles pour suivre le président pendant ses quatre derniers jours de campagne électorale. Une fois M. Chirac ré-élu, elle hérita de la responsabilité de la photographie officielle du président de la république qui pour la première fois était prise hors du palais de l’Élysée.


Série "Just Like A Woman"


Traces de soutien-gorges, corsets ou autres accessoires sur le corps moite nu ou presque, position allongée sur des draps froissés et différents pour chaque photo, vue du dessus, joues rouges, regards très expressifs, à travers la série "Just Like A Woman", Bettina Rheims semble avoir figé le moment juste après un orgasme chez ces femmes, imperceptible frontière entre extase et souffrance. Projet réalisé avec Serge Bramly.



Œuvres issues de "The Book Of Olga"


"The book of Olga", un recueil de plus de cent photos d'Olga Rodionova. Ce travail fut commandité par le mari de cette femme fatale et réalisé en trois shootings.


Échantillon d’œuvre issue de la série "Rose, C'est Paris"


"Rose, C'est Paris", une autre fiction issue de l'imaginaire de Bettina Rheims et Serge Branly. Il s'agit du récit d'une "fantomas" féminine à travers un Paris en noir et blanc. Portrait d'un personnage imaginaire à travers le portrait d'un Paris de l'ombre, personnel, presque intime des artistes.


Échantillon d’œuvre de la série "Bonkers"














Des "It girls" anglaises, mises en valeurs pour montrer la frivolité, du charme et de l’inspirante audace de leur génération. Telle est ce que nous montre l'artiste dans la série "Bonkers! A fortnight in London"



















Laé et moi même se reflétant dans un échantillon d'une photo de la série "Just Like A Woman"


Échantillon d’œuvre de Bettina Rheims


Échantillon d’œuvre de Bettina Rheims


Échantillon d’œuvre de la série "Modern Lovers"


Auto-portraits dans la chevelure de Monica Bellucci par Bettina Rheims








































Échantillon d’œuvre issu de la série "Détenues"


Échantillon d’œuvre issu de la série "Détenues"




























Échantillon d’œuvre issu de la série "Détenues"


Œuvres de la série "Gender Studies"


Autoportrait dans la tête de Asia Argento par Bettina Rheims



Cette exposition retrace avec précision la carrière de cette artiste incontournable.  Je suivais depuis le début des années 2000 ses œuvres, mais pouvoir admirer ses tirages vertigineux m'ont transporté et je ne peux que recommander d'y aller.